Monday, March 3, 2008

Le Papa de Malik en appelle au Président Bouteflika

Lettre ouverte au Président de la République Algérienne

3077 jours privé de liberté, sans avoir été jugé

Tizi Ouzou, le 1er Mars 2008


Monsieur le Président,

Il devient impératif d’attirer votre attention sur la situation intolérable que vit mon fils Malik Medjnoune, emprisonné depuis plus de 8 ans et toujours en attente de jugement.

Permettez-moi de vous raconter son histoire ! Malik avait 25 ans lorsqu’il a été arrêté le 28 septembre 1999 sur la voie publique à Tizi-Ouzou. Depuis, sa vie et celle de notre famille a basculé dans la tristesse, l’angoisse et la souffrance.

Ce jour du 28 septembre 1999, Malik a d’abord été conduit dans une caserne de Tizi-Ouzou puis transféré dans une caserne d’Alger pour ensuite disparaître ! Je l’ai cherché partout mais je n’ai obtenu aucune réponse ni aucun information sur le sort qui lui avait été réservé. Ce n’est que le 2 mai 2000, 7 mois plus tard, après sa présentation au juge d’instruction du tribunal de Tizi-Ouzou que j’ai enfin pu savoir où se trouvait mon fils. Avec stupeur, j’ai alors appris que le juge l’inculpait de complicité d’appartenance à un groupe terroriste et de complicité de meurtre avec préméditation sur la personne du chanteur Matoub Lounes.

Malik a été placé en détention provisoire à la prison civile de Tizi Ouzou et n’en est plus jamais ressorti. Cette détention sans jugement semble interminable et représente une injustice terrible lors de ces 8 dernières années, je ne n’ai fait que compter les jours que mon fils passe injustement en prison. 3077 jours privé de liberté, sans avoir été jugé, ponctués à chaque session criminelle de promesses et de faux espoirs

Monsieur le Président, mon fils crie son innocence mais ne peut l’exprimer devant un tribunal. Après avoir évoqué à maintes reprises et ce, depuis 2002, d’éventuels procès, les autorités judiciaires n’ont finalement toujours pas programmé l’affaire, laissant mon fils plongé dans un immense désespoir!

Le Comité des droits de l’Homme de l’ONU a d’ailleurs reconnu par ses constations rendues le 9 août 2006 que la détention de Malik était arbitraire et que son droit à un procès équitable était violé. Le Comité vous alors demandé, Monsieur le Président, « d’amener Malik Medjnoune immédiatement devant un juge pour répondre des chefs d’accusation ou le remettre en liberté […] ». Plus de 18 mois ont passé et ces constations n’ont toujours été suivies d’effets.

Je suis un ancien Moudjahid, j’ai fait deux ans de prison pendant la guerre de Libération. J’ai aujourd’hui 77 ans, je suis malade et souhaite, tout comme mon épouse, retrouver notre fils, le voir construire une famille et recouvrer la paix avant de mourir ou s’il a commis un crime, que justice soit faite !

Je vous demande, aujourd’hui Monsieur le Président, d’ordonner, en votre qualité de premier magistrat de ce pays, la tenue du procès de mon fils et ce, le plus rapidement possible conformément à son droit le plus légitime d’être jugé équitablement et dans le respect du principe de la présomption d’innocence.

Je vous prie d’entendre ma voix et celle de mon fils.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.


Ali Medjnoune

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